Jean-Claude Ellena et Frédéric Malle, parfumeurs : « Les Espagnoles sentent la fleur d’oranger »
Après 25 ans d’amitié, nez Jean-Claude Ellena et Frédéric Malle Ils partagent bien plus que leur passion pour les arômes. Au moment où une nouvelle mélodie naît, un parfum signature. L’idée préconçue de Jean-Claude Ellena pour Le paradis peut attendre ne diffère pas beaucoup du résultat obtenu. Le maître mélange de clou de girofle, de poivre, d’ambrette et de graine de carotte à la recherche de la sophistication de l’iris allié à la rondeur de la pêche et de la prune et à la structure du vétiver a été une danse intense avec Frédéric Malle. « Nous nous connaissons très bien, nous nous aimons et nous respectons. Nous aimons le même métier. « C’est plus facile que d’être amoureux de la même femme », disent-ils.
Pour eux, travailler avec une épice était très différent de d’habitude et, néanmoins, ils ont réussi à recréer un parfum français classique imprimé dans leurs mémoires : « C’était comme lire le scénario d’un film qu’on n’avait pas vu. Il faut d’abord savoir où l’on va. et nous avons été clairs sur ce que nous recherchions. » L’arôme qui en résulte transmet une chaleur aristocratique qui attire et nous invite à l’étreinte, une forme de séduction éternelle, exotique et réconfortante idéale pour une féminité discrète et faussement naïve, très parisienne. Nous prenons profitez du moment de ce lancement pour en apprendre un peu plus sur l’univers des arômes de l’intérieur et le charisme de ces deux grands génies de l’art de la parfumerie.
- Comment naît l’inspiration pour créer un parfum et qu’est-ce que ça fait de travailler entre collègues ?
- FM : Nous sommes toujours en conversation. Jean Claude et moi sommes amis, nous aimons notre métier, nous parlons beaucoup de notre métier. Parfois j’ai une idée, mais la plupart du temps les idées viennent de lui. Avec ce dernier [se refiere a Heaven Can Wait] Il m’a appelé et m’a dit qu’il voulait travailler dans l’industrie des épices. Travailler avec quelque chose de plus profond et de plus chaleureux était une extension de son travail, un territoire différent mais vraiment passionnant, où il avait déjà un scénario en tête.
JCE : Le fait est que nous parlons. Je lui envoie un croquis et nous y travaillons. On se connaît très bien, il n’y a pas de secret. - Quel ingrédient aimeriez-vous découvrir ? Ou ont-ils déjà tout travaillé ?
- FM : Tous les nouveaux sont autorisés. C’est un métier très technologique, donc quand nous avons un nouvel ingrédient, une nouvelle chimie est ajoutée et c’est comme ajouter une couleur à la peinture, vous ouvrez toutes les possibilités. C’est vraiment cool. Ensuite, des gens comme Jean-Claude, qui sont très proches des grands chefs et qui essaient de mettre des ingrédients autour des plats, ce qui est très intéressant. De ces extractions naturelles, il reste encore bien des choses à découvrir.
- Dois-je changer de parfum ?
- FM : Jamais. Si vous trouvez le vôtre, jamais. Par exemple, quand je travaille, je ne porte jamais de parfum, je refuse, c’est trop. Mais le week-end ou en vacances, je l’utilise souvent : si je vais au jardin, je me sens fraîche et propre. Mais si je sors le soir, ça marche aussi.
JCE : Changer de parfum, c’est du marketing. - Quel sens a l’acte de se parfumer ?
- JCE : Dans la façon dont on l’utilise, cela signifie principalement se montrer ou se protéger. Si vous êtes timide, il ou elle veut vous protéger.
FM : Les gens qui réussissent le font pour se sentir plus forts, ils utilisent le parfum comme s’il s’agissait d’un bouclier.
JCE : Oui, c’est une façon de se protéger, de se sentir plus élégant et plus en sécurité. Ou peut-être qu’il est arrogant (rires). - Quelle est l’odeur des Françaises ?
- FM : Les femmes à Paris sentent le chic. D’une manière ou d’une autre, ils existent toujours.
- Et les femmes espagnoles, quelle odeur sentent-elles ?
- FM : Ils ont une odeur de fleur d’oranger, de fleur d’oranger. Vous souvenez-vous du parfum Aire ? Bien donc.
- Où dans le monde les gens sentent-ils meilleur ?
- En Italie.
- Reconnaissez-vous les parfums que les gens portent actuellement ?
- JCE : C’était possible avant, plus maintenant. C’est plus difficile car la plupart d’entre eux portent des copies d’autres parfums. Peut-être que nous reconnaissons le nôtre.
FM : Non, je suis désolé. Il existe également des copies de votre propre parfum.
JCE : C’est vrai, c’est terrible. Il y a 30 ans, vous marchiez dans la rue et vous saviez exactement ce qu’ils portaient. Maintenant non. - Quelle est l’odeur dont vous vous souvenez le plus affectueusement ?
- JCE : Ceux de mes enfants. J’aime l’odeur de la peau à proximité. Un parfum c’est comme un vêtement, il donne une autre réalité de la personne. Si vous voulez la vérité de quelqu’un, vous devez sentir sa peau. Mais je préfère sentir la peau et je ne sais donc pas grand-chose d’autre sur toi.
FM : Quand j’étais enfant, mon père fumait. J’aime cette odeur, celle d’une cigarette chaude, quand on l’allume. C’est délicieux. - Quelle odeur sentent vos maisons ?
- JCE : Il n’y a pas de parfum chez moi. Ça sent quand je cuisine. J’aime cuisiner.
- Quel est ton plat préféré?
- JCE : Risotto.
FM : La paella est un plat que j’adore, elle est très bien réalisée. - Quelle est la meilleure odeur pour dire au revoir ?
- FM : Si nous, parfumeurs, faisons bien notre travail, nous créons une extension des personnes. Nous créons l’accord parfait. Le bon parfum pour la bonne personne devient une partie d’elle-même. Alors quand elle part, une partie d’elle-même reste. Et c’est une responsabilité. C’est pourquoi je n’aime pas l’idée d’une odeur qui reste, mais plutôt l’idée de créer un sentier pour chaque personne.
JCE : Je suis tout à fait d’accord avec Frédéric. Et il faut savoir que quand on croit dans ce domaine, il faut le faire avec amour. Que tout ce que vous offrez soit avec amour car sinon ça sent mauvais. Cela ne fonctionne pas, cela montre que vous faites quelque chose uniquement pour les affaires et que ce n’est pas une réussite. Il faut prendre des risques, sinon il n’y a aucune récompense.