Ana Lamata, un chapelier de ceux qui ne restent plus

Ana Lamata, un chapelier de ceux qui ne restent plus

Quand Ana Lamata ouvre la porte de sa maison, suivie de son inséparable chat Arturo, on ne peut pas imaginer que, aussi lumineuses soient ses pièces, elles abritent une grotte d’Ali Baba aux trésors d’une autre époque. Ce Doctorat en histoire de l’art contemporain Il raconte simplement comment du retard à recevoir une bourse pour effectuer son séjour postdoctoral dans une université américaine, une nouvelle vie a surgi de manière inattendue. Elle aimait déjà les chapeaux et les collectionnait, de façon amateur, avec des pièces entre 1860 et 1960. Il était aussi fasciné par la précision de sa fabrication et voulait en savoir plus. C’est pourquoi il a choisi Londres, Quoi de mieux qu’un pays où la famille royale est toujours costumée et où les courses de chevaux sont un défilé de mode pour cet accessoire ? Au lieu de suivre une maîtrise en chapellerie, « où je n’obtiendrais qu’une connaissance moyenne des techniques classiques », il a choisi « d’aller aux sources », dit-il.

C’est ainsi qu’il a trouvé Mme Rose Cory, modiste depuis 1970 d’Elizabeth, la reine mère, et que depuis 2001, il avait le mandat royal, ce qui lui permettait d’apposer sur ses créations la mention « By Appointment to Her Majesty Queen Elizabeth the Queen Mother, Milliner » souhaitée. Et bien que Mme Cory ait déjà plus de 80 ans, elle a accepté en 2013 dans son atelier de Shrewbury House, au sud de Londres, à ce perfectionniste d’investigation, prêt à tout apprendre dès le premier point.

Un de ses célèbres fedoras en feutre de castor.TÉLÉVA

Pourquoi faire un chapeau ou Une fleur en tissu demande des connaissances en physique et chimie, coupe, choix des matières, traitement des pigments pour obtenir la couleur souhaitée, pliage et couture, modelage à la vapeur…. Ana me montre quelques-unes de ses pièces, toujours faites à la main après une recherche exhaustive des meilleurs matériaux naturels : les chapeaux en feutre de castor, fins et robustes, façonnés avec la chaleur et l’humidité de la machine à vapeur et du fer à repasser ; Les turbans drapés en soie ou cachemire, coiffes et chapeaux doublés de tweed ou de velours. Ou ceux fabriqués à partir de différents types de paille tissée à la main, « un art tragiquement éteint », comme Tissu florentin en paille de bléle parabuntal tissé aux Philippines ou la paille de toquilla qu’il achète à Domingo Carranza, un maître tisserand équatorien.

Chaque chapeau est l’empreinte du moule dans lequel il a été confectionné et chaque dernier est une sculpture. Beaucoup de ceux qu’Ana garde ont été sculptés à la main par le maître Lorenzo Re, de l’Atelier La Forme, à Paris. Re, qui a travaillé pour Chanel, Dior et les grandes maisons de haute couture, est un ébéniste-sculpteur qui réalisait chaque modèle sur mesure et vient de prendre sa retraite. L’une de ces formes a été utilisée pour créer la coiffe médiatique portée par l’influenceuse María de la Orden lors de son mariage, à la suggestion de l’auteur de sa robe de mariée, le couturier hollandais Jan Taminiau, avec une structure en feutre de castor et doublée du même soie de la robe.

Chaque pièce est teinte avec des pigments naturels et des encres artisanales, et est préparée et modelée avec des burins en acier qui lui donnent sa courbure naturelle.
Chaque pièce est teinte avec des pigments naturels et des encres artisanales, et est préparée et modelée avec des burins en acier qui lui donnent sa courbure naturelle.TÉLÉVA

Dans une autre pièce se trouvent les pigments naturels avec laquelle elle teint le feutre, la paille et la soie, des ocres apportées de France et d’Italie ou collectées et travaillées par elle, comme une précieuse ocre rouge de Ségovie. Des plantes aux noms exotiques comme le myrobolan ou la rhubarbe de l’Himalaya et d’autres classiques comme le colorant blond, indigo, campêche et cochenille. De là viendront des rouges intenses, des violets vibrants et des ors lumineux.

"Je démonte la fleur et fais un motif de chaque sépale, étamine, pétale, parfois plus d
« Je démonte la fleur et fais un motif de chaque sépale, étamine, pétale, parfois plus d’une centaine, dans différents types de soie »,TÉLÉVA

Nous terminons la visite avec des fleurs en tissu faites à la main. « Je suis fascinée par les fleurs et les faire ainsi me permet de les observer plus attentivement. Je pars d’un exemplaire neuf que je démonte et documente et dont je sors le patron. Je fabrique des sépales, des étamines, des pétales, parfois plus d’une centaine, et des feuilles à la main, dans différents types de soie », explique-t-il. Chaque pièce est teinte avec des pigments naturels et des encres artisanales, et est préparée et modelée avec des burins en acier qui donnent sa courbure naturelle, un travail qui demande des heures de patience, de l’habileté avec les doigts et beaucoup d’amour pour travailler. Chaque pistil de velours de soie est un petit miracle.

J’essaie certains de leurs modèles. Et un autre miracle se produit. « Un bon chapeau change votre posture, vous fait marcher, paraître et vous sentir différent. C’est un objet aussi pratique que magique, avec des capacités de transformation insoupçonnées. »

A lire également